Opinions et représentations sur les drogues en France : rapport de l’OFDT

Depuis 1999, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) mesure les représentations des Français·e·s sur les drogues à travers l’enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP). La dernière, portant sur 2023 et publiée en juillet 2025, restitue un état contrasté de l’opinion publique : entre inquiétudes persistantes, glissements progressifs et tolérances sélectives, le rapport met en lumière les tensions qui traversent les perceptions sociales du phénomène.

Lorsqu’on demande aux Français·e·s de citer spontanément les drogues qui leur viennent à l’esprit, le cannabis arrive en tête, suivi de la cocaïne. L’héroïne, l’ecstasy, le LSD, puis l’alcool et le tabac complètent la liste, comme le souligne l’enquête. Ce décalage révèle à quel point l’alcool et le tabac ne sont pas réellement perçus comme des drogues, sans doute parce qu’ils sont légaux et culturellement intégrés. En effet, seuls 24 % des personnes répondantes mentionnent spontanément l’alcool, et 20 % le tabac, alors qu’ils figurent parmi les produits les plus addictifs et les plus nocifs.

En outre, la perception de la dangerosité du cannabis diminue au fil des années. En 1999, plus de la moitié des personnes participants à l’étude le jugeaient risqué dès l’expérimentation ; elles ne sont plus que 38 % aujourd’hui. À l’inverse, le regard sur l’alcool et le tabac s’est durci : les risques liés à une consommation même ponctuelle sont davantage reconnus qu’auparavant, notamment chez les plus jeunes. Le sentiment d’être bien informé sur les drogues, lui, recule légèrement par rapport à la précédente enquête, même si globalement les personnes s’estiment « plutôt » ou « très bien informées ».

Les représentations sociales des usager·e·s restent profondément marquées par la stigmatisation. Cocaïne et héroïne évoquent toujours la menace et la marginalité : environ neuf participant·e·s sur dix perçoivent les personnes consommatrices comme dangereuses pour leur entourage. À l’autre bout du spectre, le cannabis bénéficie d’un traitement plus ambivalent. Une partie de la population considère qu’on peut en consommer librement ou vivre « normalement » tout en y ayant recours, soit des opinions quasi absentes lorsqu’il s’agit d’autres substances.

Enfin, malgré une progression de l’adhésion aux logiques de réduction des risques — la moitié des Français·e·s jugent important de fournir aux usager·e·s des informations sur les moyens de consommer de manière plus sûre —, la dépénalisation des drogues, cannabis compris, reste globalement rejetée. L’écart entre acceptation sociale partielle et refus légal demeure un point de tension fort dans les représentations collectives.