L'usage de protoxyde d'azote a pris de l'essor au Royaume-Uni depuis la pandémie de Covid-19, particulièrement chez les jeunes entre 16 et 24 ans. L'usage en milieu festif occasionne parfois des "comportements antisociaux" selon les médias et le gouvernement, notamment en raison de l'abandon de nombreux déchets (les capsules vides) sur la voie publique et de comportements dangereux au volant. Interrogé par la BBC, le Prof. David Nutt estime que le Royaume-Uni compte environ un décès par année pour un million d'usagères et d'usagers de protoxyde d'azote et rappelle que l'alcool cause 28'000 décès parmi 40 millions d'usagères et d'usagers.
Le gouvernement a donc décidé de classer le protoxyde d'azote dans la classe C des stupéfiants criminalisés dans le "Misuse of Drugs Act", au même titre que les stéroïdes anabolisant, le khat ou les benzodiazépines. Le Conseil consultatif sur l'abus des drogues (Advisory Council on the Misuse of Drugs - ACMD) est l'organe d'expert·e·s nommé par le gouvernement pour formuler des recommandations sur les politiques drogues. Consulté par le gouvernement, l'ACMD a spécifiquement recommandé de ne pas criminaliser la possession de protoxyde d'azote, au motif que cette mesure n'était pas proportionnée, qu'elle n'était pas justifiée par l'évaluation des dommages et qu'elle pourrait avoir des conséquences inattendues. Elle recommande plutôt de mieux utiliser les lois existantes et de mettre l'accent sur l'éducation et la réduction des risques.
Selon l'ONG Transform, en ignorant sciemment les recommandations des expert·e·s, le gouvernement a fait passer ses idées populistes sur la lutte anti-drogues avant la science et les conseils de santé publique fondés sur des preuves. Elle regrette cette décision et craint les conséquences néfastes de la criminalisation sur la stigmatisation, l'engorgement du système judiciaire et les casiers judiciaires qui à leur tour impactent l'égalité des chances, l'emploi et le logement.