L’ONU présente simultanément deux visions contradictoires

Deux visions concurrentes au sein de l'ONU portent chacune sur une direction opposée, symbolique de la période de transition que nous vivons. D'un côté, le rapport interorganisationnel de l'ONU s'axe sur les Droits humains, la santé et le développement durable. De l'autre, la CND présente une déclaration orientée répression, dans une attitude business as usual.


Le Conseil des chefs de secrétariat pour la coordination publie un rapport novateur proposant une décriminalisation de la possession et de la consommation des drogues, et résumé par l'organisation Transform. En outre, elle replace la politique drogue dans les domaines de la santé publique, des Droits humains et du développement durable. Un changement de paradigme bienvenu alors qu'auparavant les thèmes de la répression, de l'application stricte de la loi et de l'éradication structuraient le passé. Cette nouvelle déclaration consolide la position de l'ensemble des agences de l'organisation internationale —auparavant, elle était officiellement partagée que par certaines agences uniquement.

Néanmoins, avec la dernière déclaration de la CND, l'ONU reste orienté sur une "guerre à la drogue" —qui avait démontré son inefficience, comme l'avait souligné dans un rapport documenté l'IDPC. Ainsi, la dernière décennie a vu une augmentation du nombre de personnes utilisant la drogue et une augmentation sans précédent de la culture de la coca et du pavot à opium. En outre, l'approche belliqueuse a pour conséquence un nombre important de violations des droits humains, une difficulté d'accès à des substances thérapeutiques ainsi qu'un nombre très important de morts pourtant évitables en lien avec des surdoses ou des maladies infectieuses comme le VIH/SIDA, hépatite C ou tuberculose. Cette annonce intervient dans un contexte où la polarisation entre les nations augmente alors que certaines se dirigent vers une régulation de substances comme le cannabis alors que d'autres s'enfoncent dans une guerre à la drogue.