Dans une tribune intitulée « L’EDI aux temps d’un chaos orchestré ou le risque d’un effet domino », le Pr Patrick Bodenmann, la Dre Mellissa Dominicé Dao, la Dre Sara Arsever, le Pr Yves Jackson, la Pre Carole Clair et le Dr Raphaël Bize alertent sur les conséquences de cette décision, justifiée par des coupes budgétaires, qui survient dans un contexte particulier : elle suit de près les décrets présidentiels américains qui ciblent l’usage des fonds fédéraux destinés à renforcer l’équité en santé.
Ces coupes budgétaires risquent d’être particulièrement lourdes pour les populations les plus vulnérables, parmi lesquelles figurent les personnes en situation d’addiction. Selon les auteur·trice·s, les personnes considérées comme pauvres (8 % de la population), celles appartenant aux groupes LGBTIQA+ (13 %), ou encore celles racisées ou porteuses d’un handicap, n’auront plus l’appui de l’État dans le domaine de l’équité en santé.
Les données probantes démontrent l’ampleur des inégalités : l’espérance de vie des hommes issus des quartiers défavorisés est réduite de 4 ans et demi, le renoncement aux soins est 3 fois plus fréquent chez les femmes issues de la migration (6 fois plus chez les hommes).
L’interruption du soutien à la prévention engendrera à terme des coûts et une pression supplémentaires sur le système de santé. Pour les professionnel·le·s des addictions, cette logique est particulièrement parlante : l’investissement dans la prévention et la réduction des risques permet d’éviter des coûts bien plus importants à long terme.
Les auteur·trice·s mettent en garde contre un possible « effet domino » et appellent les professionnel·le·s de la santé à maintenir le cap d’une médecine inclusive. Comme souligné : « Les valeurs d’une société se mesurent à travers ce qu’elle met en place pour les personnes les plus vulnérables. Il n’y aura pas de santé ni de santé publique sans Équité, Diversité et Inclusion (EDI) ».
Pour les professionnel·le·s du domaine sociosanitaire, ces coupes représentent un défi supplémentaire dans un domaine où l’équité et l’inclusion sont essentielles, les personnes en situation d’addiction cumulant souvent plusieurs facteurs de vulnérabilité.
En définitive, cette tribune rejoint le communiqué des professionnel·le·s des addictions en Suisse, qui dénoncent les coupes budgétaires massives à l’OFSP, et appellent à renforcer la Stratégie Addictions avec des moyens adaptés.