Les loot boxes à l’agenda du parlement

08.06.2022

Les loot boxes (ou "boîtes à butin", en français) sont au coeur des critiques. Cette semaine, le Conseil des Etats a refusé d'inclure les microtransactions dans la loi fédérale sur la protection des mineurs dans les secteurs du film et du jeu vidéo. Pour autant, en plein scandale autour du nouveau jeu free-to-play Diablo Immortal, les loot boxes questionnent, y compris sous la coupole fédérale. Une interpellation est déposée. 


Le potentiel addictif des loot boxes est déjà bien documenté et connu. En ne rendant accessibles certains éléments décisifs du jeu vidéo que via ce type de microtransaction, les éditeurs de jeu forcent les gamers à dépenser de l'argent. Très proches du fonctionnement des loteries, les loot boxes, une fois achetées, rendent un contenu aléatoire: vous allez peut-être gagner l'objet désiré, ou un objet que vous avez déjà, ou rien. Certains pays ont d'ailleurs décidé de les considérer comme des jeux d'argent: c'est le cas de la Belgique, des Pays-Bas et bientôt de l'Espagne, qui interdisent ce type de microtransaction dans les jeux accessibles aux mineurs. 

Le jeu Diablo Immortal, sorti début juin sur iOS et Android, fait d'ailleurs scandale dans la communauté des gamers et illustre bien le problème. Ce jeu free-to-play, c'est-à-dire gratuit au départ, met les loot boxes au coeur de son gameplay : il n'est en effet pas possible de dépasser un certain stade de progression dans le jeu sans passer par l'achat de loot boxes. La chaîne YouTube Bellular News a estimé que pour faire progresser son personnage jusqu'au niveau maximum, il faudra dépenser environ 110'000 dollars. Sur la base de la législation des jeux d'argent, ce jeu a été interdit en Belgique et aux Pays-Bas.

En Suisse, le Parlement travaille actuellement sur le projet de loi sur la protection des mineurs dans les secteurs du film et du jeu vidéo. A l'origine et selon le projet présenté par le Conseil fédéral, cette loi ne devait inclure aucune mesure autour des microtransactions. En juin 2021, le Conseil national avait décidé d'ajouter les microtransactions dans ce projet, décision sur laquelle la Commission de la science, de l'éducation et de la culture du Conseil des Etats (CSEC-CE) a décidé de revenir en avril dernier. En plénière, le Conseil des Etats a décidé mercredi 8 juin de suivre l'avis de sa commission et a renoncé à l'encadrement des microtransactions dans ce projet de loi, estimant qu'il "s'agit d'un problème d'addiction", ce qui "n'a rien à voir avec le contenu d'un jeu". 

Néanmoins, les loot boxes questionnent jusque sous la coupole fédérale. Si les autorités fédérales ne souhaitent pas intégrer ces questions dans les nouvelles mesures de protection de la jeunesse, peuvent-elles garantir que les loot boxes sont en adéquation avec le droit en vigueur ? Ne devrait-on pas, comme la Belgique et les Pays-Bas, considérer les loot boxes comme des jeux d'argent ? Ces microtransactions respectent-elles les règles en matière d'indication des prix ou de loyautés commerciales ? Une interpellation a été déposée par Mme Michaud Gigon, conseillère nationale et secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC).