Le dernier numéro d’Actualité Sociale (juin 2025) propose une réflexion approfondie sur l’évolution du travail social hors murs (TSHM) en Suisse et ses enjeux contemporains.
L’article retrace l’histoire du travail de rue, né dans les années 1920 aux États-Unis, puis développé en Europe dans les années 1950. Cette pratique a fait l’objet d’un processus de formalisation par l’un de ses pionniers, Saul Alinsky. En Suisse, elle a émergé dans les années 1980 dans le champ de la prévention et de la réduction des risques.
La pandémie a mis en lumière la créativité et la flexibilité des travailleurs sociaux hors murs, qui ont maintenu le lien avec les publics en situation de précarité malgré les contraintes sanitaires. Cette période a révélé une augmentation des situations d’isolement social et de surconsommation de substances, notamment de benzodiazépines et de crack.
L’article souligne l’importance de la posture «généraliste» du TSHM, qui vise à «faire société» en développant une dynamique communautaire incluant personnes en situation de rue, riverains, services sociaux, commerçants et forces de l’ordre, tout en évitant la stigmatisation.
L’article plaide pour une formation associant différents profils dans un modèle d’éducation permanente, afin de réduire la fragmentation entre pratique, formation et recherche. Au niveau international, le réseau Dynamo International prépare un plaidoyer réaffirmant la promotion de la justice sociale sous l’approche des droits humains. Un travail suivi par la plateforme TSHM du GREA.
L’analyse s’inquiète d’une tendance vers un «agencement extramuros à visée normative, voire coercitive», avec des uniformes et des approches «calquées sur le modèle de la police». Cette évolution questionne l’utilité de près d’un demi-siècle d’expériences suisses en travail de rue. Face à la montée des logiques sécuritaires et répressives, l’analyse interroge la capacité du travail social hors murs à s’organiser comme rempart aux «passions politiques sécuritaires et isolationnistes». Cette réflexion rappelle l’importance du TSHM comme outil d’émancipation sociale et de renforcement démocratique.