Indicateur marquant de cette situation, la ville de Glasgow a connu une recrudescence des infections au VIH dès 2016, en lien direct avec des pratiques d’injection dans l’espace public, dans des conditions d’hygiène précaires. Face à une législation britannique historiquement centrée sur la criminalisation des usagers, peu de solutions de réduction des risques ont pu émerger. L’accès à des traitements agonistes opioïdes est également compliqué, avec des rendez-vous quotidiens et des tests urinaires réguliers. Moins de 40 % des personnes en situation de dépendance aux opioïdes ont un accès au traitement selon un reportage du Temps. Figure emblématique de la résistance citoyenne, Peter Krykant, ancien usager devenu travailleur social, a marqué les esprits en 2020 en lançant une salle de consommation mobile illégale à bord d’une ambulance. Dans ce lieu respectueux et non jugeant, il offrait un environnement propre, du matériel stérile et une alternative concrète à l’exclusion et aux dangers des usages dans la rue. Son initiative a contribué à nourrir le débat public et à poser les bases d’un changement de paradigme.
L’ouverture du centre The Thistle concrétise aujourd’hui une volonté locale affirmée depuis près d’une décennie : proposer un cadre sécurisé, hygiénique, digne et encadré aux personnes consommatrices de drogues. Ce dispositif de réduction des risques, géré par des professionnels formés, permet de réduire les surdoses, les blessures liées aux injections, ainsi que les transmissions de maladies infectieuses, telles que le VIH ou l’hépatite C. Il contribue également à améliorer le bien-être des usagers, à diminuer les déchets liés à la consommation dans l’espace public, et à apaiser les tensions sociales dans les quartiers concernés. Ce changement de cap s’inscrit dans une évolution progressive de l’opinion publique, désormais plus sensible aux approches humanistes, sanitaires et basées sur l’accompagnement, plutôt qu’à la répression. Bien que le Royaume-Uni prenne ce virage avec retard, Glasgow s’impose comme un pionnier, en ouvrant la voie à une prise en charge centrée sur la personne, la dignité et la réduction des risques.