Le Royaume-Uni face aux premières perturbation du marché de l’héroïne

Depuis que les Talibans sont intervenus de manière très stricte sur la production d’opium, le marché européen se prépare à une modification de l’offre. Aujourd’hui, le Royaume-Uni connait de premières secousses et des pistes d’actions sont mises en avant autour du drug checking et des espaces de consommation sécurisés.

La crainte que de nouveaux produits de synthèse plus dangereux puissent prendre la place de l’héroïne devient tangible, avec l’arrivée de substances coupées à l’insu des personnes consommant. Le marché pourrait alors ressembler à celui d’Amérique du Nord selon certain·e·s professionnel·le·s de terrain interrogé·e·s par le Guardian(link is external).

Interdire la consommation ne limite en rien la demande, mais la rend plus dangereuse en forçant les utilisateurs et utilisatrices à se tourner vers un marché illégal. Dans ce dernier, l’appât du gain des organisations criminelles et l’intérêt à trouver un produit facile à camoufler pousse à faire circuler des produits plus addictifs et plus puissants, ce qui accroît les risques de surdoses et de décès. La chute brutale de la production d’opium dans certains pays favorise également le développement de substances synthétiques comme le fentanyl ou les nitazènes, fabriqués en laboratoire.

Ces problématiques touchent en particulier les plus vulnérables qui s’approvisionnent sur le marché noir, en particulier dans des pays comme le Royaume-Uni qui connait une crise sociale de plus en plus visible, alors que ses services publics ont été affaiblis. Celles et ceux qui vivent en rue sont aujourd’hui les premiers concernés par de nouveaux produits aux compositions dangereuses. Cela mène certains spécialistes de terrain interrogé·e·s par le Guardian à souligner que la crise des opioïdes n’est pas loin. Pour de nombreuses personnes, les nitazènes sont l’une des préoccupations les plus importantes à ce jour au Royaume-Uni. Encore plus puissant que le fentanyl, il est encore plus simple à transporter illégalement.

Dans ce contexte, décriminaliser et réguler les substances devient une urgence. Renforcer les services d’aides à la survie, et de réduction des risques doit être une priorité à court terme. Les services de drug testing doivent être étendus afin de détecter les premiers signes d’un changement sur le marché. Ces mesures doivent également intéresser la Suisse, qui doit se préparer également à un changement de situation. Finalement l’accès à la naloxone, qui sauve de nombreuses vies en cas de surdose d’opioïdes devrait être facilité. Malheureusement, au Royaume-Uni, les espaces de consommation à moindre risque sont encore trop rares et le pays devrait s’inspirer du Danemark qui a amélioré la situation depuis 2012 en offrant des services de drug checking, en particulier dans ses espaces de consommation sécurisés, et en adoptant une approche compassionnelle avec l’implication de la police.