L’Allemagne ouvre la première voie d’accès légal à la psilocybine en Europe

L’Allemagne devient le premier pays européen à légaliser l’usage compassionnel de la psilocybine dans le cadre d’un programme de traitement pour la dépression résistante. Contrairement au système suisse qui fonctionne par autorisations individuelles au cas par cas, l’Allemagne opte pour une légalisation générale du traitement et couverte par l’assurance maladie. Deux établissements – l’Institut central de santé mentale de Mannheim et la clinique OVID de Berlin – peuvent désormais proposer la psilocybine à des adultes souffrant de dépression résistante au traitement.

Contrairement aux systèmes suisse ou canadien qui exigent une autorisation réglementaire au cas par cas pour chaque patient, le modèle allemand confie cette décision directement aux psychiatres habilités dans le cadre du programme général. Cette approche élimine un goulot d’étranglement administratif majeur et permet de répéter les traitements sans nouvelle autorisation pour chaque dose.

L’un des aspects prometteurs tient à l’accessibilité : la psilocybine sera fournie gratuitement et les soins d’accompagnement couverts par l’assurance maladie allemande. Pour la première année, pas plus de 50 patients sont prévus, avec un monitoring scientifique rigoureux incluant études d’imagerie et collecte de données.

Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large d’ouverture contrôlée aux psychédéliques thérapeutiques. Si la Suisse autorise depuis 2014 l’usage exceptionnel de psilocybine, MDMA et LSD – avec près de 700 autorisations accordées en 2024 –, l’Allemagne innove par son approche moins centralisée et potentiellement plus accessible.

Le projet pilote d’usage compassionnel reste toutefois temporaire : il devrait se fermer si la psilocybine obtient une autorisation de mise sur le marché officielle pour traiter la dépression résistante. Cette limitation révèle les tensions de ces dispositifs d’exception, conçus comme des ponts temporaires entre recherche et commercialisation, mais qui risquent de disparaître une fois les médicaments approuvés par les autorités sanitaires européennes.