Contrairement aux systèmes suisse ou canadien qui exigent une autorisation réglementaire au cas par cas pour chaque patient, le modèle allemand confie cette décision directement aux psychiatres habilités dans le cadre du programme général. Cette approche élimine un goulot d’étranglement administratif majeur et permet de répéter les traitements sans nouvelle autorisation pour chaque dose.
L’un des aspects prometteurs tient à l’accessibilité : la psilocybine sera fournie gratuitement et les soins d’accompagnement couverts par l’assurance maladie allemande. Pour la première année, pas plus de 50 patients sont prévus, avec un monitoring scientifique rigoureux incluant études d’imagerie et collecte de données.
Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large d’ouverture contrôlée aux psychédéliques thérapeutiques. Si la Suisse autorise depuis 2014 l’usage exceptionnel de psilocybine, MDMA et LSD – avec près de 700 autorisations accordées en 2024 –, l’Allemagne innove par son approche moins centralisée et potentiellement plus accessible.
Le projet pilote d’usage compassionnel reste toutefois temporaire : il devrait se fermer si la psilocybine obtient une autorisation de mise sur le marché officielle pour traiter la dépression résistante. Cette limitation révèle les tensions de ces dispositifs d’exception, conçus comme des ponts temporaires entre recherche et commercialisation, mais qui risquent de disparaître une fois les médicaments approuvés par les autorités sanitaires européennes.