La France érige la lutte contre le narcotrafic comme priorité nationale

Le Sénat français a adopté mercredi soir un projet de loi visant à « réarmer » la France face au narcotrafic. Alors que la consommation de substances illégales augmente, l’arsenal policier et judiciaire est renforcé, notamment via la création d’un Parquet national anti-criminalité organisée, le Pnaco. Quelques voix seulement ont déploré l’absence de moyens et de mesures sur la prévention et la santé publique.

La lutte contre le trafic de drogues est érigée en « priorité absolue » par Gérald Darmanin, Ministre de la Justice, ou comme « menace existentielle » par Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur. Il s’agit de « réarmer » la France qui se « mexicanise ». Mercredi 29 janvier, le Sénat a adopté à une large majorité un projet de loi transpartisane de lutte contre le narcotrafic soutenue par le gouvernement.

Parmi les mesures prévues dans cette loi, on trouve notamment :

  • la création d’un parquet national anti-criminalité organisée, le Pnaco, qui sera chargé des crimes les plus graves et d’être le fer de lance de lutte contre le narcotrafic ;
  • le renforcement de l’Office anti-stupéfiants (Ofast) qui doit devenir une « DEA à la française » ;
  • des mesures visant à frapper les trafiquants au portefeuille, comme des injonctions pour richesse inexpliquée ou la fermeture administrative de commerces soupçonnés de participer au blanchiment d’argent ;
  • la création d’un « dossier coffre » avec des procès-verbaux distincts visant à soustraire certains éléments d’enquête à la défense.

La proportion de personnes consommant des substances illégales augmente en France : selon les derniers chiffres de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), la part d’usagères et d’usagers de cocaïne a doublé en un an, passant de 600’000 en 2022 à 1,1 million en 2023.

Après les opérations « Place nette XXL » et les autres mesures répressives lancées récemment par le gouvernement français, celui-ci poursuit sur sa lancée en renforçant encore l’arsenal répressif. Pourtant, comme le rappellent nos collègues de la Fédération Addiction, ces opérations policières médiatiques ne parviennent qu’à déplacer les problèmes. Une politique drogue cohérente ne peut ignorer les déterminants qui influencent les consommations.