Malgré un discours très émotionnel, le président des États-Unis n'a pas débloqué de fonds supplémentaires pour la crise des opioïdes qui a notamment coûté la vie à plus de 50'000 personnes en 2016. Le président a dénoncé une crise mondiale, niant les spécificités d'une situation nationale, notamment liée à la prescription d'un nombre important d'opioïdes. En Europe, les politiques de réductions des risques plus largement en place devraient permettre de mieux tenir le choc.
Seules certaines de mesures annoncées pourraient avoir un effet marginal sur la crise. L'annulation d'une loi interdisant le financement à l'aide du programme Medicaid de locaux de traitement de plus de seize lits devrait permettre d'augmenter le nombre de places de traitement disponibles. Le gouvernement fédéral pourrait de plus attaquer en justice certaines entreprises pharmaceutiques. Finalement, Trump a proposé un recours plus fréquent aux Drug Courts, de cours de justice visant à proposer des alternatives aux sanctions pénales ayant une visée de santé publique.
Donald Trump s'est ensuite perdu dans la promotion d'une approche qui a depuis longtemps montré son inefficacité. Il a annoncé une campagne simpliste adressée à la jeunesse portant un message similaire à celui de Nancy Reagan dans les années 80 : "Just Say No". Ce type de message, dont l'efficacité n'est pas reconnue par les spécialistes des addictions, porte un risque de stigmatisation et adopte une vision punitive plutôt que celle d'empathie et de soin nécessaire aujourd'hui. La rhétorique de la guerre à la drogue utilisée montre le déni de réalité. Le locataire de la maison blanche a promu la construction de mur à la frontière mexicaine et a articulé une politique agressive contre l'offre dans les pays de production.