La CND en marche vers une transformation du système de contrôle des drogues

La Commission des Stupéfiants des Nations Unies (CND) a adopté une résolution historique posant les jalons d’un possible changement en profondeur du système international de contrôle des drogues. Cette résolution prévoit la création d’un panel de 19 expert·e·s indépendant·e·s chargé·e·s de formuler des recommandations pour aligner les politiques en matière de drogues sur les obligations internationales, notamment en matière de droits humains. Le GREA salue cette initiative ambitieuse et attendue de longue date.

Dans le paysage des politiques internationales sur les drogues, une fracture s’est dessinée depuis des années entre les institutions dites de Genève — comme l’OMS, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme ou l’ONUSIDA — qui promeuvent des approches centrées sur les soins, la réduction des risques et les droits humains, et celles basées à Vienne — principalement l’ONUDC et la CND — historiquement attachées à une lecture stricte des conventions et à une logique de prohibition.

Cependant, les lignes commencent à bouger. L’année dernière, la CND adoptait pour la première fois une résolution sur la réduction des risques, un concept pourtant reconnu depuis longtemps par les institutions genevoises. Cette année, elle va encore plus loin en appelant à une refonte complète du cadre international.

La résolution intitulée « Strengthening the global drug control framework: a path to effective implementation » marque un tournant. Elle ouvre la voie à une réévaluation critique du système, en intégrant les droits humains comme pierre angulaire des politiques futures. Seuls l’Argentine, les États-Unis et la Russie s’y sont opposés. Du côté états-uniens, ce positionnement reflète un net virage conservateur depuis le retour de l’administration Trump, qui s’est opposée à l’ensemble des résolutions de cette session, y compris les plus consensuelles. Ce revirement isole de plus en plus les États-Unis au sein de la communauté internationale.

Le GREA se félicite de cette décision majeure, qui rompt avec des décennies d’immobilisme et de consensus silencieux à Vienne, où toute décision se faisait traditionnellement sans vote, au prix d’un blocage institutionnel. La résolution adoptée cette année pourrait bien marquer le début de la fin d’une prohibition inefficace et ouvrir la voie à des politiques plus humaines, plus efficaces et fondées sur des données probantes.

Le GREA suivra avec la plus grande attention les travaux de ce panel d’expert·e·s et les évolutions du système international qu’ils pourraient inspirer dans les années à venir. Pour l’avenir, il est important d’assurer un financement diversifié du groupe, avec des contributions des États permettant un équilibre régional des visions et de l’expertise. Il est également important que le processus de sélection des experts soit transparent et permette la participation de la société civile et des communautés concernées.