La cigarette électronique efficace pour l’arrêt du tabac selon un consensus d’experts francophones

06.11.2025

Une étude Delphi menée auprès de 87 expert·e·s francophones en tabacologie confirme que la cigarette électronique est un outil efficace pour l’arrêt du tabac. Les spécialistes s’accordent notamment sur son utilité comme substitut nicotinique temporaire et sur la nécessité de former les professionnels à son usage dans l’accompagnement au sevrage.

Une récente étude publiée dans Archives of Public Health apporte un éclairage précieux sur la place de la cigarette électronique dans l’accompagnement à l’arrêt du tabac. Menée à la demande de la Société francophone de tabacologie (SFT), cette recherche a permis d’identifier les points de consensus parmi 87 expert·e·s issus de France, Belgique, Suisse, Luxembourg et d’autres pays francophones.

Un consensus sur l’efficacité

Les expert·e·s s’accordent sur plusieurs constats majeurs : la cigarette électronique est efficace pour l’arrêt du tabac (avec une abstinence de 6 mois ou plus), son rapport bénéfice-risque est favorable dans le cadre du sevrage, et elle réduit très probablement les risques associés au tabagisme lorsque celui-ci est complètement arrêté.

Des recommandations pour la pratique clinique

Les spécialistes considèrent que la cigarette électronique peut être utilisée comme substitut nicotinique et en association avec d’autres traitements de remplacement de la nicotine. Ils insistent toutefois sur plusieurs conditions : un usage limité dans le temps, avec l’objectif d’un arrêt complet une fois le sevrage tabagique consolidé, et une utilisation dans des conditions appropriées (dosage de nicotine, type de liquide, résistance électrique).

Le « double usage » (cigarettes conventionnelles et électroniques) ne devrait être qu’une phase transitoire vers l’arrêt complet du tabac.

Former les professionnel·le·s

Un point fort de ce consensus : la nécessité de former les spécialistes du sevrage tabagique pour qu’ils et elles puissent fournir des informations et des conseils médicaux et techniques sur l’utilisation de la cigarette électronique. Les expert·e·s soulignent également l’importance de surveiller les effets indésirables et de développer des recommandations cliniques claires.

Populations spécifiques

La cigarette électronique peut être recommandée pour certains groupes, notamment les patient·e·s souffrant de troubles psychiatriques, de co-addictions ou de maladies coronariennes. En revanche, aucun consensus n’a été atteint concernant son usage chez les mineurs ou les femmes enceintes, bien que les expert·e·s s’accordent pour ne pas décourager une femme enceinte ou allaitante qui a arrêté de fumer avec la cigarette électronique si un risque de rechute existe.

Méthodologie

Cette étude a utilisé un processus Delphi accéléré combinant technique de groupe nominal et questionnaires en ligne, permettant d’obtenir un consensus en seulement 40 jours. Sur 33 propositions, 26 ont obtenu un accord consensuel entre les participants.

Ces résultats constituent une base solide pour développer des lignes directrices cliniques et des formations adaptées, contribuant ainsi à une meilleure prise en charge des personnes souhaitant arrêter de fumer.

Référence : Lüthi E, Velarde Crézé C, Lebon L, et al. Electronic cigarette for smoking cessation: a fast-track Delphi consensus of French-speaking experts. Archives of Public Health. 2025;83:260. https://doi.org/10.1186/s13690-025-01725-x