Médicament stimulant synthétique, le captagon a vu le jour en Allemagne dans les années 1960 en vue de traiter des troubles comme le TDAH et la narcolepsie, comme le rappelle The Conversation dans un reportage dédié. Il contient de la phénéthylline, une substance similaire à l’amphétamine. Utilisé initialement en Europe et au Moyen-Orient, il a été retiré du marché en 2009 en raison de ses effets secondaires graves. Il a toutefois abondamment été produit de manière illégale en Syrie.
En effet, sous le régime de Bachar al-Assad, la production de captagon est devenue une activité économique majeure, plaçant la Syrie au centre du commerce mondial de cette drogue de synthèse. Selon un article du blog « Réalités biomédicales » du Monde, des installations industrielles à grande échelle, parfois déguisées en usines ordinaires, ont permis de produire des millions de pilules chaque année. Ces sites, souvent protégés par des unités d’élite, illustraient l’implication directe de l’État syrien dans cette industrie illicite.
Le captagon s’est rapidement propagé au Moyen-Orient, inondant notamment les marchés des pays du Golfe. Comme le souligne la RTS dans un reportage, cette substance est particulièrement prisée en Arabie saoudite, où elle est utilisée à la fois comme drogue festive et stimulant pour améliorer les performances, que ce soit dans des contextes civils ou militaires. Les revenus générés par cette drogue représentaient, selon le Trésor américain, plusieurs milliards de dollars par an, renforçant ainsi la puissance financière et politique du régime syrien.
Avec le renversement récent du régime d’al-Assad, de nombreux sites de production ont été découverts, notamment par des forces rebelles. La RTS rapporte que certaines de ces installations ont été détruites, mais l’avenir de cette industrie reste incertain. Si des groupes locaux commencent à démanteler cette économie de la drogue, les expert·e·s, cités dans le blog du Monde, craignent que la production ne se déplace vers d’autres régions instables, comme l’Irak. Cette mutation pourrait alimenter une nouvelle ère de trafics transnationaux, difficile à endiguer.