La Cannabinothèque genevoise : bilan du projet pilote genevois

Dix-huit mois après son ouverture à Vernier, l’essai pilote genevois de vente réglementée de cannabis affiche des résultats encourageants. Avec 1355 personnes inscrites sur les 1500 places disponibles, la Cannabinothèque fait désormais partie intégrante du paysage local, accueillant quotidiennement 70 à 80 client·e·s de manière strictement encadrée.

L’expérience menée par l’association ChangE, présidée par Ruth Dreifuss, illustre concrètement les bénéfices d’une approche de régulation du marché du cannabis. Dans le projet, les participant·e·s, majoritairement des hommes d’une quarantaine d’années avec formation universitaire,  ont pu sortir de l’illégalité tout en accédant à des produits 100% suisses, biologiques et dont la teneur en THC est connue. Si les prix pratiqués restent légèrement supérieurs au marché noir, la qualité et la sécurité compensent largement cet écart selon les coordinateurs du projet.

Le projet s’est parfaitement intégré dans le quartier de Châtelaine, les craintes initiales du voisinage concernant d’éventuelles nuisances s’étant rapidement dissipées. Cette acceptation locale témoigne de la dimension citoyenne de la démarche, les participant·e·s s’engageant avant tout dans une perspective de changement de politique nationale plutôt que pour des motifs purement consuméristes.

Cette démarche genevoise s’inscrit dans un mouvement plus large : sept essais pilotes sont actuellement en cours en Suisse, expérimentant différents modèles de distribution (pharmacies, magasins spécialisés, social clubs). Ces expériences alimentent une réflexion nationale qui prend forme avec l’adoption, en février dernier, de l’avant-projet de Loi sur les produits cannabiques (LPCan) par la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national. Cette évolution législative, qui propose de traiter le cannabis comme un stupéfiant réglementé plutôt qu’interdit, marque une rupture historique avec les politiques prohibitionnistes. Elle s’appuie sur les retours d’expérience concrets de terrain comme celui de la Cannabinothèque, démontrant qu’une régulation bien pensée peut concilier santé publique et libertés individuelles.