JHA : augmentation du jeu en ligne chez les jeunes conscrits romands

07.10.2025

L’article publié dans le Journal of Gambling Studies revient sur une étude réalisée par le Centre du jeu excessif (CHUV) et financée par le Programme intercantonal de lutte contre la dépendance au jeu (PILDJ). Cette étude, menée auprès de conscrits romands, s’intéresse à leur pratique de jeux d’argent et de hasard et examine l’impact de la légalisation des casinos en ligne apportée par la révision de la Loi sur les jeux d’argent (LJAr) en 2019. Les auteur·trice·s soulignent ainsi une augmentation de la participation au jeu en ligne, un transfert du jeu hors-ligne au jeu en ligne et une légère augmentation du jeu problématique.

L’étude

Cette étude effectuée par le Centre du jeu excessif (CJE) s’intéresse aux comportements de jeu et comment ceux-ci ont évolué au regard des changements législatifs en Suisse.

Le CJE a réalisé une première étude auprès des conscrits romands en 2019 pour observer leurs comportements de jeu. Cette deuxième étude, après l’introduction de la LJAr qui a permis l’ouverture de casinos en ligne, vise à regarder les pratiques de jeux d’argent et de hasard de conscrits romands et d’analyser l’évolution de ces pratiques.

La méthodologie

L’étude a été menée auprès de conscrits de l’armée suisse, tous résidants en Suisse romande. L’échantillon final comporte 2’349 personnes, tous des hommes, âgés entre 18 et 24 ans. La collecte des données a été effectuée entre août 2023 et janvier 2024.

Le questionnaire comportait deux parties :

  • Une partie consacrée aux données socio-démographiques classiques (âge, sexe, éducation, etc.)
  • Une partie consacrée à la pratique de jeu dans les 12 derniers mois (fréquence de jeu, revenus, dettes de jeu, type de jeu en ligne ou hors-ligne, l’échelle PGSI)

Principaux résultats

Sur les 2’349 participants, 29,4% (n=721) n’ont pas joué à des JHA dans leur vie et 20,9% (n=451) ont indiqué avoir joué au moins une fois dans leur vie, mais pas dans les 12 derniers mois. Le reste, à savoir 49,8% (n=1’177) a indiqué avoir joué au moins une fois dans les 12 derniers mois.

La grande majorité des personnes ayant joué dans les 12 derniers mois (92,7%) a joué à des jeux « terrestres », tandis que 41,7% ont joué à des jeux en ligne. Le cumul des jeux en ligne et hors-ligne atteint 34,4%, tandis que 58,3% des personnes ayant joué dans les 12 derniers mois n’ont joué qu’à des jeux « terrestres ». Au contraire, seulement 7,3% n’ont joué qu’à des jeux en ligne.

En ce qui concerne la prévalence au jeu problématique, basée sur l’échelle PGSI, les résultats sont les suivants :

  • 50,5% des personnes ayant joué dans les 12 derniers mois ne présentent pas de problèmes de jeu
  • 28,7% sont classés comme des joueurs à faible risque et 16,5% à risque modéré
  • 4,4% sont identifiés comme ayant des problèmes de jeu

Conclusion

Les auteur·trice·s soulignent que la prévalence de jeu (à savoir presque 50% de personnes ayant joué dans les 12 derniers mois) est similaire avec les chiffres les plus récents d’autres études.

En ce qui concerne les supports de jeu, les participants à l’enquête jouent principalement en « terrestre », mais la proportion de joueurs exclusivement en ligne a plus que triplé depuis 2019. Les auteur·trice·s de l’étude mettent en avant l’ouverture de 6 casinos en ligne en Suisse entre 2020 et 2021 et les effets de la pandémie de Covid-19.

Pour ce qui est des types de jeu, là aussi il y a des différences par rapport aux plateformes sur lesquelles les personnes jouent. En effet, les paris sportifs sont l’activité la plus populaire en ligne, tandis que les jeux à gratter sont préférés des joueurs « terrestres ». Pour ce qui est de jeux de casino (roulette, blackjack), la proportion est égale entre le format « terrestre » et le format en ligne.

En conclusion, les auteur·trice·s reviennent sur l’augmentation constatée de la participation aux JHA dans la population de jeux hommes en Suisse depuis 2019, avec un transfert observé du jeu « terrestre » au jeu en ligne.