Cela faisait vraiment longtemps qu'une ville en Suisse romande n'avait pas envoyé les forces de l'ordre pour évacuer un campement, et par là-même une scène de consommation, en plein centre. C'est pourtant ce qu'il s'est passé récemment à Lausanne. A Genève, où la consommation de crack a explosé depuis deux ans, l'association Première Ligne a décidé la semaine passée de fermer temporairement l'espace de consommation Quai 9 aux usagères et usagers de crack (RTS). Une décision que la police cantonale genevoise qualifie de mauvaise nouvelle pour la sécurité publique.
Que se passe-t-il en Suisse romande ? Interviewée dans Forum, Camille Robert invitait les auditrices et les auditeurs à rattacher la situation suisse aux observations européennes. Ainsi, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) a récemment publié son rapport 2022 sur les drogues dans lequel il alerte sur la très haute disponibilité des drogues en Europe. En bref, il écrit "Partout. Tout. Pour le tout le monde" afin de désigner une offre plus disponible qu'elle ne l'a jamais été auparavant.
Face à cette situation plutôt inquiétante, le GREA plaide pour le renforcement des moyens alloués à la réduction des risques plutôt qu'à la répression, qui ne fait que déplacer les problèmes au lieu de les résoudre. Camille Robert a également rappelé que le seul moyen de venir à bout des organisations criminelles et du deal était la régulation des substances illégales, ce qui permettra d'assécher ces organisations. Jusqu'ici, les milliards investis par les Etats dans la répression depuis 50 ans n'ont servi qu'à renforcer et professionnaliser ces réseaux criminels tout en participant à la stigmatisation des personnes qui consomment des drogues.