Le GREA a récemment déclaré dans la presse que la répression représente 85% des dépenses de la politique des 4 piliers. Or, le chiffre le plus officiel que nous ayons aujourd'hui à disposition est celui de 65%, communiqué par le Conseil fédéral en 2021 en réponse au postulat Rechsteiner sur l'avenir de la politique suisse en matière de drogues. Il est tiré d'une étude publiée en 2005 par l'Université de Neuchâtel (Jeanrenaud, Widmer et Pellegrini). Le chiffre de 85% ne devrait donc pas être utilisé, d'où cet erratum.
Toutefois, peut-on vraiment chiffrer de façon précise la répartition des coûts entre les 4 piliers ? Un postulat déposé au Parlement en 2016 demandait au Conseil fédéral de procéder à une nouvelle étude sur la répartition de ces coûts, auquel le Conseil fédéral a répondu que réaliser de telles études coûtent extrêmement cher pour des résultats qui ne permettent pas d'acquérir des "connaissances essentielles". Il indique néanmoins que "la statistique policière de la criminalité ne montre aucun indice laissant présager une baisse des coûts de la répression".
Il convient donc d'être prudent au moment d'articuler des chiffres précis, car les données sont effectivement compliquées à obtenir: la politique des 4 piliers implique des dépenses à tous les échelons, soit au niveau des communes, des cantons et de la Confédération, avec de nombreuses parties prenantes. Néanmoins, il ne subsiste aucun doute quant au fait que la répression est le pilier le plus largement financé. Les professionnel·le·s des addictions déplorent depuis de nombreuses années le manque de moyens alloués à la réduction des risques et à la prévention, une tendance qui tend à s'aggraver. Cela fait de nombreuses années que les professionnel·le·s signalent l'échec de la "guerre à la drogue" et appellent à un changement de paradigme. Le GREA a récemment publié un document de recommandations qui demande notamment la création d'un 5ème pilier pour le logement et le travail social.