Une diminution des décès dus aux opioïdes synthétiques, fentanyl en tête, a été constatée par le Centre national des statistiques de la santé aux États-Unis, après analyse des chiffres pour l’année 2023. Alors que le nombre total de surdoses s’élevait à 111'029 en 2022, il est estimé à 107'543 en 2023, soit une baisse de 3%. C’est la première fois que la tendance s’inverse légèrement depuis 2018.
Il convient de prendre avec des pincettes cette nouvelle. Même si elle est globalement encourageante, un examen plus approfondi des données statistiques montre, par exemple, que les décès dus à la cocaïne ont augmenté de 5% et ceux liés à la méthamphétamine de 2%. Si l’on se penche sur la situation au niveau des États, la situation est loin d’être homogène : alors que le nombre total de décès a diminué dans certains États (Kansas, Indiana, Maine, et Nebraska), il a considérablement augmenté dans d’autres régions (Alaska, Oregon et Washington), soit d'au moins 27%, comme le souligne la National Public Radio.
En outre, il ne faut pas oublier que les chiffres restent historiquement élevés – bien au-delà de ceux qui prévalaient avant la pandémie de Covid – et que le fossé entre les personnes qui ont une problématique d'addiction et celles et ceux qui bénéficient d'un traitement reste inacceptable, comme l'a déclaré au New York Times, Bruce Hurley, président de l'American Society of Addiction Medicine, en rajoutant que « l'accès universel aux médicaments contre la dépendance, lorsqu'ils sont cliniquement appropriés, devrait être notre norme minimale ».
Les causes directes de la baisse du nombre de surdoses en 2023 ne sont pas évoquées dans le rapport du Centre national des statistiques. Même si certaines hypothèses sont évoquées dans l'article du New York Times, par exemple le fait que plus de 22 millions de doses de naloxone ont été distribuées aux États-Unis et au Canada en 2023, beaucoup d’efforts restent à faire, selon Drug Policy Alliance qui a publié un communiqué à ce sujet. Il conviendrait en effet de faciliter l'accès à des traitements par agonistes opioïdes, ainsi qu'à des programmes de réduction des risques, ou encore de développer davantage de programmes d'échange de matériel stérile.