Communiqué: Pour la première fois de son histoire, la Commission des stupéfiants des Nations Unies plébiscite la réduction des risques

Le 22 mars 2024 à Vienne, la Commission des Nations Unies sur les stupéfiants a adopté sa première résolution sur la réduction des risques depuis sa création dans les années 1950. Le consensus de Vienne, construit autour d’une politique prohibitive, vole en éclat et ouvre la porte à de nouvelles politiques « drogues » plus respectueuses des droits humains. Ce revirement s’explique par l’augmentation de la production et des problèmes liés aux drogues dans le monde.


Présent à Vienne pour la 67e session de la Commission des Nations Unies sur les stupéfiants (CND), le GREA salue l’adoption d’une résolution sur la réduction des risques lors d’un vote historique le 22 mars 2024. Les pays membres de l’ONU reconnaissent désormais la nécessité de ces politiques orientées sur les droits humains, un tournant salutaire par rapport à la politique punitive menée jusqu’aujourd’hui. Ce revirement s’explique notamment par la situation en Amérique du Nord, où les surdoses font plus de 140 000 morts par an alors que de puissantes organisations criminelles mettent à mal l’État de droit. Les États-Unis en particulier défendent enfin un changement de politique, s’orientant vers une approche pragmatique. Aujourd’hui, plus de 100 pays dans le monde ont adopté des politiques de réduction des risques.

Des politiques qui évoluent et se réinventent

Selon l’OMS, la réduction des risques est un « ensemble complet d'interventions fondées sur des données probantes, basées sur la santé publique et les droits de l'homme, comprenant des programmes d'échange d'aiguilles et de seringues, des traitements d'entretien aux agonistes opioïdes et de la naloxone pour la gestion des overdoses ». Les politiques de réduction des risques visent à prévenir les principaux méfaits de la consommation de drogues sur la santé publique et individuelle, sans nécessairement mettre fin à cette consommation.

En Suisse, pays pionnier, la réduction des risques se caractérise également par un accès inconditionnel à des espaces de consommations sécurisés, à des prestations de type drug checking ou d’aide à la survie et d’hébergement d’urgence. Pour faire face à la précarisation croissante des usagères et usagers de drogues ainsi qu’à la transformation des modes de consommation (avec le crack, par exemple), les offres de réduction des risques suisses se développent et se réinventent.

L’échec de la guerre à la drogue

La politique internationale prohibitive en matière de drogue est un échec cuisant. Le Consortium international sur les politiques des drogues (IDPC) l’a mis en évidence à travers un rapport éloquent intitulé « En déroute ». Quelques chiffres le démontrent aisément : la production de cocaïne a atteint un chiffre jamais vu de 2’304 t en 2023. Le nombre de décès attribuables à l’usage de drogues est au plus haut, avec près de 500 000 morts par an. Pourtant, on estime que le système de prohibition coûte plus de 100 milliards de dollars par année.

Contact : Romain Bach, co-secrétaire général, 076 431 82 84 ou 024 426 20 01

Pour aller plus loin :

  • La résolution historique adoptée par la CND le 22 mars 2024 : “Preventing and responding to drug overdose through prevention, treatment, care, and recovery measures as well as other public health interventions to address the harms associated with illicit drug use as part of a balanced, comprehensive, scientific evidence-based approach”, disponible en ligne.
  • Le rapport de l’IDPC publié le 4 décembre 2023, « En déroute : Rapport parallèle pour l'examen à mi-parcours de la Déclaration ministérielle de 2019 sur les drogues », disponible en ligne.
  • Le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme publié le 15 aout 2023, « Enjeux en matière de droits de l’homme de la mobilisation et de la lutte contre le problème mondial de la drogue sous tous ses aspects », disponible en ligne.