Une crise multifactorielle
Les professionnel·le·s des addictions identifient quatre facteurs à l’origine de cette crise : la précarisation croissante de la population et en particulier des personnes vulnérables, la disponibilité et la qualité sans précédent des drogues, la transformation du marché et des modes de consommation, ainsi qu’une péjoration de la santé mentale. Ces facteurs, loin d’être isolés les uns des autres, s’influencent mutuellement. Depuis la fin de la pandémie de Covid-19, les professionnel·le·s des addictions constatent une augmentation de la présence de publics précarisés dans la rue ainsi que des comorbidités psychiatriques plus fréquentes et plus complexes parmi leurs bénéficiaires. Cette situation implique une multiplication des risques de consommation problématique et une complexification des facteurs de vulnérabilité.
Des moyens à la hauteur des enjeux
Sur la base de ces constats, les professionnel·le·s des addictions, que réunit le GREA, publient des recommandations à l’intention des autorités, des médias et du public pour adresser ces nouveaux enjeux. Si nous connaissons pour l’essentiel les solutions nécessaires, sans les moyens adéquats, leur mise en œuvre demeure un défi majeur. Il est impératif d'investir dans des ressources en adéquation avec les problématiques actuelles.
Des recommandations concrètes pour mettre fin à la situation de crise
Les professionnel·le·s des addictions, issu·e·s principalement de la réduction des risques, des soins résidentiels et médicaux, formulent des recommandations concrètes articulées autour de cinq axes cohérents pour mettre fin à la situation de crise :
1. Adapter les espaces de consommation sécurisés aux nouveaux modes de consommation, en prévoyant des espaces séparés pour la consommation de stimulants (par ex. crack).
2. Lutter contre la précarité, favoriser la participation en développant l’hébergement d’urgence, le Housing First et l’insertion socio-professionnelle via du travail payé à la journée voir à l’heure.
3. Tranquilliser l’espace public en favorisant des lieux d’accueil de jour et de nuit via une couverture horaire complète (24h/24) et en renforçant l’aller-vers et le travail social hors mur.
4. Faciliter l’accès aux soins grâce à une offre d’accueil universelle, y compris pour les mineurs, et en diminuant les temps d’attente et la complexité administrative dans les services ambulatoires et résidentiels
5. Renforcer la collaboration interprofessionnelle, régionale et le travail en réseau pour coordonner au mieux les actions de différents corps de métier (police, travail social, soins) et aborder la problématique au-delà des frontières des villes centre.
Contact : Camille Robert, co-secrétaire générale du GREA, 078 891 39 41