Baptisée « Semer la vie, c’est éliminer le trafic de drogue » (Sembrando vida desterramos el narcotráfico), le gouvernement colombien cherche à prendre le contrepied de la politique drogue internationale en présentant une politique qui « ne se fonde ni sur la répression, ni sur les extraditions, ni sur l’emprisonnement des paysans », tout en dénonçant l’hypocrisie de nombreux États par rapport au narcotrafic.
Cette politique comprend deux grands axes appelés « oxygène » et « asphixie ». Le premier volet consister à décriminaliser et limiter la pression sur les groupes les plus touchés par la « guerre contre la drogue », soit les petits cultivateurs et les consommateurs, notamment à travers un programme de substitution des cultures à usage illicite et de protection de l'environnement, ainsi qu'une approche de santé publique et droits humains. Il convient de noter que selon les chiffres du Ministère de la Justice, repris par le quotidien espagnol El País, 32’000 personnes sont en prison pour de délits en lien avec la drogues, dont près de la moitié sont des femmes.
Le deuxième volet vise d’une part à mettre fin à la dépendance de la population vis-à-vis de l’économie de la drogue et d’éviter la criminalisation des paysans cultivateurs, et d’autre part cibler les organisations criminelles, leurs infrastructures, les filières de précurseurs chimiques, ainsi que les montages financiers à des fins de blanchiment. Des défis de taille, d'autant plus que paradoxalement les organisations criminelles se sont considérablement renforcées durant la "guerre contre la drogue".