Comme dans d'autres pays, la « guerre contre la drogue » menée en Colombie depuis les années 1980 sous la houlette des États-Unis a favorisé l’essor d’organisations criminelles et a contribué à une explosion de la violence, sans compter les dommages collatéraux, notamment sociaux et environnementaux.
Bien que le modèle de la prohibition fasse l’objet de remises en question croissantes depuis plusieurs décennies, le mandat antérieur d’Ivan Duque (2018-2022) s’est inscrit dans la continuité de ce schéma, en poursuivant une politique de militarisation du pays et d’éradication des champs de coca, en réautorisant par exemple en 2021 les pulvérisations aériennes de glyphosate suspendues en 2015.
L’entrée en fonction de Petro pourrait ainsi changer la donne, tel que l’illustre son allocution d’investiture durant laquelle il a souligné l’échec de la guerre contre la drogue, ainsi que la nécessité de dialogue avec les groupes armés. « Il est temps d'adopter une nouvelle convention internationale qui reconnaisse que la guerre contre la drogue a totalement échoué, qu'elle a causé au cours des 40 dernières années un million de victimes parmi les Latino-Américains, pour la plupart colombiens, et qu'elle provoque 70'000 morts à l’année par overdose parmi les Nord-Américains, aucune ne survenant en Amérique latine. La guerre contre la drogue a renforcé les mafias et affaibli les États. La guerre contre la drogue a mené les États à commettre des crimes (…). Il est temps de changer la politique antidrogue dans le monde » (fragment traduit en français, la version originale et intégrale étant disponible ci-dessous).
Dans une déclaration à la presse, les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies ont salué les engagements du président nouvellement élu en vue d'intensifier le dialogue et d'élargir le processus de paix aux groupes armés illégaux.
Autre signe encourageant, le clan du Golf, l’une des principales organisations de trafiquants de drogues, a rapidement annoncé un cessez-le-feu et a manifesté sa volonté d’engager des pourparlers avec le gouvernement du nouveau dirigeant, comme le relate The Guardian (en anglais).
Si les intentions sont là, leur concrétisation représente des défis d'envergure pour le gouvernement colombien. Reste à espérer que le mandat de quatre ans de Petro constitue les bases d'une transition vers un nouveau modèle davantage axé sur la régulation du marché des drogues et plus respectueux des droits humains, en particulier dans des pays ayant payé un lourd tribut humain, économique et politique, comme la Colombie.