L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publie une analyse détaillée de l’évolution des marchés illicites entre 2010 et 2023. Cette recherche révèle une hausse de 189% du chiffre d’affaires global et confirme l’expansion spectaculaire des psychostimulants.
Une recomposition majeure du marché
Le chiffre d’affaires des drogues illicites atteint 6,8 milliards d’euros en moyenne en 2023, contre 2,3 milliards en 2010. Cette progression ne reflète pas uniquement une augmentation des volumes consommés mais témoigne d’une transformation structurelle de l’offre. Deux substances dominent et génèrent près de 90% du total : la cocaïne (3,1 milliards d’euros) dépasse désormais le cannabis (2,7 milliards), malgré des quantités nettement inférieures (47 tonnes contre 397 tonnes).
Le marché du cannabis se stabilise depuis 2017 avec une progression de seulement 2,3% en volume, mais sa valeur augmente de 144% sur la période 2010-2023 en raison de la hausse des prix. La cocaïne explose avec une croissance de 214% en volume, soutenue par l’amélioration du rapport prix-pureté qui la rend plus accessible. Le crack confirme son ancrage avec 4,7 tonnes consommées (+42% depuis 2017).
L’explosion des stimulants de synthèse
Les marchés de l’ecstasy/MDMA et des amphétamines enregistrent les progressions les plus spectaculaires. L’ecstasy/MDMA bondit de 637% en valeur depuis 2010 pour atteindre 312,5 millions d’euros, tandis que les amphétamines progressent de 470% avec un marché de 73 millions d’euros. Ces substances, autrefois cantonnées aux milieux festifs électro, se diffusent dans des contextes élargis avec des prix attractifs et une production européenne en forte hausse.
L’héroïne présente une trajectoire singulière : les volumes augmentent de 23% depuis 2010 mais le chiffre d’affaires diminue de 13%, témoignant d’une évolution favorable du rapport prix-pureté pour les personnes consommatrices, possiblement liée à la concurrence des opioïdes de synthèse.
Ce boom du marché en treize ans interroge l’efficacité des politiques menées sur la période, malgré le renforcement continu des dispositifs répressifs.