La presse relève la contradiction entre hausse du crack et coupes budgétaires

Hausse des besoins, baisse des moyens ? Le Blick documente la progression de la consommation de crack dans plusieurs villes et interroge la réduction des budgets fédéraux dédiés aux addictions dans ce contexte.

Une couverture médiatique qui questionne la cohérence des politiques publiques

Le quotidien alémanique Blick a consacré deux articles à la situation des personnes consommatrices de crack en Suisse. Le premier propose un reportage avec les équipes de travail social de proximité Sip Züri, qui accompagnent quotidiennement des personnes en situation de grande précarité et de dépendance au crack. Le second article met en évidence une contradiction : alors que la consommation de ces substances progresse fortement dans plusieurs villes suisses, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) procède à des coupes budgétaires importantes dans le domaine des addictions.

Cette mise en lumière médiatique d’une tension entre besoins croissants et moyens décroissants intervient dans un contexte où les professionnel·le·s du domaine tentent d’alerter les autorités fédérales depuis plusieurs mois.

Des réductions budgétaires qui inquiètent le secteur

Selon les informations recueillies par le Blick, l’OFSP a déjà supprimé 800’000 francs du budget consacré aux « tâches spécifiques aux addictions » en 2025, ramené à 4 millions de francs. En 2026, 900’000 francs supplémentaires seront encore retranchés, avec la suppression d’un poste à plein temps. Ces réductions s’inscrivent dans les directives d’économies imposées par le Conseil fédéral et le Parlement à l’ensemble de l’administration fédérale.

Une première conséquence de cette situation budgétaire tendue : depuis plusieurs mois, les analyses des eaux usées permettant de mesurer l’évolution de la consommation de drogues sont suspendues, bien que les prélèvements continuent dans l’attente de la finalisation d’un nouveau contrat.

Une mobilisation du secteur et du parlement

La Fédération des profesionnel·le·s des addictions et Addiction suisse ont remis mi-septembre une pétition rassemblant près de 10’000 signatures contre ces réductions. Interrogé par le Blick, Jonas Wenger, co-secrétaire général du Fachverband Sucht, qualifie le moment choisi pour ces coupes budgétaires d’« extrêmement défavorable » et rappelle que la Suisse n’a pas connu de situation aussi tendue dans le domaine des drogues depuis les années 1990.

La conseillère nationale PS Ursula Zybach a déposé une demande en sous-commission des finances pour augmenter le budget 2026 du domaine des addictions d’un million de francs. Cette proposition a été refusée cette semaine dans un contexte parlementaire marqué par la priorité aux économies budgétaires.

L’OFSP affirme que la politique des addictions demeurera « un thème important » et que les réductions ne toucheront pas spécifiquement le domaine du crack et de la cocaïne. L’office se dit préoccupé par « la hausse de la consommation de cocaïne et de crack » et indique vouloir « s’engager d’autant plus fortement » dans ce domaine, sans préciser comment cet engagement renforcé pourra se concrétiser avec des moyens diminués. Ainsi, le GREA continue à suivre le dossier et demande la mise en place de moyen concret pour agir tant sur le terrain qu’au niveau de la coordination professionnelle.