Précurseurs chimiques : un marché en forte expansion
Un phénomène en forte croissance en Europe
Les saisies de précurseurs — des substances légales détournées pour fabriquer des drogues — ont triplé en dix ans dans l’Union européenne, passant de 62 à 178 tonnes par an. Cette progression témoigne d’une intensification de la production de drogues de synthèse sur le continent, ainsi que d’une diversification des lieux et des acteurs impliqués. Cette hausse témoigne de l’intensification de la production européenne de drogues de synthèse, notamment de MDMA, d’amphétamines et de méthamphétamine.
Une course réglementaire sans fin
Le rapport met en évidence les limites du modèle actuel : chaque fois qu’un précurseur est placé sous contrôle, de nouveaux composés apparaissent pour le contourner. Cette dynamique chimique illustre la difficulté d’agir uniquement par la voie répressive, dans un contexte où les usages industriels légitimes sont nombreux et économiquement sensibles.
L’élargissement géographique de la production – aujourd’hui présente dans la plupart des régions d’Europe – souligne la dimension systémique du phénomène : la régulation par interdiction ne parvient pas à contenir un marché aussi adaptable.
Pour une approche systémique de la régulation
Ces constats invitent à dépasser une logique de contrôle des précurseurs pour réfléchir à une régulation plus globale des marchés de substances psychoactives. Tant que la demande persiste et que les marchés restent illégaux, les réseaux criminels continueront de produire de nouvelles molécules souvent plus dangereuses pour la santé. Une régulation légale et encadrée permettrait, à terme, de mieux contrôler la qualité des produits, de réduire les risques sanitaires et de limiter les profits liés aux trafics.
Pour citer le rapport : Obradovic I., Voisin A. (2025) Les précurseurs chimiques de drogues : enjeux et défis de régulation d’un marché en essor. Paris, OFDT, coll. Rapports, 58 p.
