Chemsex : la France vers une stratégie nationale

La Fédération Addiction et AIDES publient un document de référence commun proposant vingt mesures concrètes pour structurer une réponse publique adaptée aux enjeux sanitaires et sociaux du chemsex.

Alors que le chemsex suscite une attention croissante dans le débat public français, la Fédération Addiction et AIDES unissent leurs forces pour transformer les constats en politiques publiques efficaces. Leur plaidoyer « Répondre au défi du chemsex – Propositions pour une stratégie nationale » propose des mesures concrètes issues de plusieurs années d’expériences de terrain auprès des personnes concernées.

Le chemsex, pratique qui mêle usage de drogues et sexualité chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et des personnes trans, touche environ 13 à 14% des HSH en France selon les données les plus récentes. Cette prévalence significative en fait un enjeu de santé publique majeur, nécessitant une réponse coordonnée et adaptée.

Quatre priorités complémentaires

Les propositions s’articulent autour de quatre piliers structurants :

  • Lutter contre la stigmatisation en construisant des réponses respectueuses des parcours de vie, des sexualités et des usages de chacun, pour faciliter l’accès aux droits et aux soins.
  • S’appuyer sur les approches communautaires en valorisant le rôle des pairs, des lieux de sociabilité et des acteurs communautaires dans la prévention, l’écoute et l’accompagnement.
  • Renforcer les réseaux de professionnel·le·s formé·e·s et coordonné·e·s – médecin·e·s, sexologues, psychologues, pairs-aidant·e·s – pour proposer une prise en charge pluridisciplinaire et continue.
  • Mettre fin à la pénalisation de la consommation qui freine l’appel aux secours en cas de surdose et constitue un frein majeur à l’accès à la prévention et aux soins.

Vingt mesures opérationnelles

Le document détaille vingt mesures concrètes couvrant la prévention, la réduction des risques, la coordination des soins, la formation des professionnel·le·s et la recherche. Ces propositions s’appuient notamment sur les enseignements du projet ARPA-Chemsex (2021-2024), mené conjointement par les deux organisations dans plusieurs villes françaises.

Les auteur·rice·s insistent sur la nécessité de dépasser les discours alarmistes et moralisateurs pour développer des réponses pragmatiques, ancrées dans la réalité des pratiques. Elles·ils rappellent que, comme pour toutes les consommations de drogues, de nombreuses personnes pratiquant le chemsex ne rencontrent pas de problèmes majeurs et le font de manière occasionnelle.

Un modèle transposable ?

Cette démarche française pourrait inspirer d’autres pays confrontés aux mêmes enjeux. En Suisse, où le chemsex constitue également une préoccupation de santé publique, les approches développées par la Fédération Addiction et AIDES offrent des pistes de réflexion intéressantes, notamment sur l’importance de la coordination interprofessionnelle et de l’approche communautaire. Le plaidoyer souligne l’urgence d’une action publique coordonnée : « Il est temps que les pouvoirs publics s’engagent pleinement : les solutions existent, elles doivent être soutenues, consolidées et financées. » Le GREA salue la démarche et diffuse le document au sein du réseau suisse.