En 2024, le GREA a célébré ses 60 ans et organisé le Sommet francophone des professionnel·le·s des addictions. Un cap symbolique qui nous a donné l’occasion de jeter un regard rétrospectif sur notre parcours collectif mais aussi de réfléchir aux défis à venir. Ces journées romandes ont été un moment important, marqué par des échanges riches et une volonté partagée de laisser une trace. Ensemble, nous avons adopté le Manifeste de Lausanne, un plaidoyer pour des politiques drogues humanistes et solidaires. Nous vous invitons à retrouver les temps forts de cet anniversaire directement sur notre site internet et les nombreuses vidéos disponibles.
Cette année, un fil rouge a traversé nos réflexions et nos actions : celui de la thématique du visible et de l’invisible. Ce jeu de contrastes est au coeur des enjeux liés aux addictions. Certaines consommations, comme celles associées à des situations de grande précarité, sont souvent surexposées de manière stigmatisante. Les personnes qui consomment en rue, plus nombreuses et plus visibles depuis les débuts de la crise du crack, n’ont pas le choix de l’intimité et cristallisent souvent l’attention publique.
À l’inverse, certaines consommations problématiques sont invisibilisées parce qu’elles sont banalisées ou socialement tolérées. L’alcool, par exemple, échappe souvent à la critique tant qu’il circule dans les milieux insérés, même lorsqu’il devient source de souffrance. Le tabac, quant à lui, continue d’être massivement consommé, alors qu’il reste la substance qui cause le plus de décès. À noter que les substances illégales, notamment la cocaïne, sont consommées par beaucoup de personnes socialement insérées dans un cadre privé qui elles, peuvent s’épargner une forme de médiatisation stigmatisante.
En 2024, le travail a été riche et les professionnel·le·s des addictions ont apporté leur pierre à l’édifice. Nous continuerons à maintenir et renforcer les liens avec nos membres et l’ensemble des acteur·rices suisses du domaine des addictions, à travers la Fédération des professionnel·le·s des addictions, ainsi qu’avec nos partenaires francophones et le réseau international de l’IDPC. Ensemble, faisons en sorte que ce qui compte vraiment ne soit plus invisible.