Le recours à des substances comme la kétamine, la psilocybine ou la MDMA dans un cadre thérapeutique reste marginal en Suisse. Pourtant, certain·e·s psychiatres expérimenté·e·s, avec l’aval de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), les intègrent dans des traitements destinés à des patient·e·s souffrant de troubles résistants : dépression sévère, stress post-traumatique ou encore troubles obsessionnels.
À Lausanne, le Dr Ansgar Rougemont-Bücking figure parmi les pionniers de cette approche. Dans un entretien accordé à Watson, il partage son expérience clinique et insiste sur l’importance du cadre thérapeutique. Loin de tout effet spectaculaire, il rappelle : « La substance ne fait pas le travail. Ce qui compte, c’est ce que le patient en fait après. » Pour lui, l’effet psychédélique agit comme un catalyseur, un moment de rupture qu’il faut accompagner avec rigueur.
Les séances suivent un protocole précis : préparation, expérience sous substance, puis intégration. Ce dernier temps est, selon lui, essentiel pour permettre une réelle transformation psychique.
Depuis 2019, les traitements assistés par psychédéliques sont autorisés en Suisse dans des cas exceptionnels, hors essais cliniques, sur autorisation individuelle de l’OFSP. Le cadre est strict et réservé à des situations sévères, après évaluation approfondie.
Ces thérapies ne sont ni miraculeuses ni anodines, insiste le psychiatre. Elles demandent un encadrement solide, une supervision constante et une véritable alliance thérapeutique. « L’effet d’une substance peut être profond, mais il ne remplace jamais le lien thérapeutique », conclut-il.
Alors que les recherches cliniques progressent à l’international, notamment aux États-Unis, une réflexion émerge en Suisse. Pour les praticien·ne·s engagé·e·s, le défi est de faire reconnaître ces approches sans céder ni à la fascination ni à la banalisation.