La prégabaline fait régulièrement l’objet d’articles dans les médias suisses ces dernières années, en lien avec des usages problématiques observés dans différents contextes. En 2022, un reportage d’Heidi News attirait l’attention sur sa consommation en milieu carcéral, soulignant les préoccupations des autorités face aux risques d’addiction. Le reportage relayait alors plusieurs recommandations, parmi lesquelles la nécessité d’évaluer rigoureusement les indications avant prescription, d’instaurer des protocoles de sevrage adaptés et de proposer des alternatives thérapeutiques si nécessaire.
Plus récemment, en janvier 2025, la RTS rapportait que le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) avait restreint l’accès à la prégabaline dans les centres d’asile fédéraux. Cette décision faisait suite à des consommations jugées problématiques chez certaines personnes demandeuses d’asile, principalement originaires d’Afrique du Nord, où le produit est disponible sans ordonnance.
Qu’est-ce que la prégabaline?
La prégabaline est un médicament appartenant à la classe des anticonvulsivants. Commercialisée sous différents noms dont le plus connu est Lyrica, elle est prescrite principalement pour soulager les douleurs neuropathiques chroniques liées à des lésions nerveuses, traiter certains troubles anxieux généralisés, ainsi que comme traitement d’appoint pour certaines formes d’épilepsie. Elle agit en modulant l’activité de certains neurotransmetteurs dans le cerveau, ce qui permet de réduire la transmission des signaux de douleur et l’excitabilité neuronale. Disponible uniquement sur ordonnance en Suisse et plus largement en Europe, la prégabaline est parfois perçue comme une alternative aux opioïdes ou aux benzodiazépines, bien qu’elle ne soit pas sans risques.
Quels sont les effets et les risques ?
Si la prégabaline est avant tout un médicament à visée thérapeutique, elle possède néanmoins des effets psychoactifs qui la rendent attractive en dehors du cadre médical. À doses normales, elle a un effet calmant, mais à fortes doses, elle peut induire une sensation d’euphorie, une réduction marquée de l’anxiété et un état de sédation. Ces effets recherchés par certains consommateurs et consommatrices expliquent son usage détourné. À ce titre, il convient de préciser que l’usage de prégabaline n’est pas nécessairement perçu, sur le plan socioculturel, comme une consommation de drogue à proprement parler, mais plutôt comme une forme d’automédication.
Dans tous les cas, sa consommation comporte des risques, en particulier de dépendance et tolérance dans le cas d’une utilisation régulière. Les effets secondaires peuvent être importants : confusion, somnolence, vertiges, troubles de la coordination ou encore difficultés respiratoires, surtout en cas de prise concomitante avec d’autres substances comme l’alcool, les opioïdes ou les benzodiazépines. L’arrêt brutal peut provoquer un syndrome de sevrage, accompagné de symptômes tels que l’insomnie, l’irritabilité ou l’anxiété accrue. En cas de polyconsommation, le risque d’accidents est fortement accru.
La situation est particulièrement préoccupante dans les environnements fermés, comme les établissements pénitentiaires, où la prégabaline est parfois détournée à des fins non médicales. Elle peut y être utilisée comme moyen d’évasion psychique ou servir de monnaie d’échange, ce qui complique sa gestion et soulève des enjeux spécifiques en matière de santé publique et de sécurité.
Quels recommandations et outils à disposition?
Face aux problématiques, plusieurs institutions en Suisse et en Europe proposent un certain nombre de conseils et de ressources: