Reportage : la fièvre du pari sportif en ligne

21.02.2024

L'émission de la RTS "A bon entendeur" a diffusé un reportage consacré aux paris sportifs en ligne. Ce reportage met en lumière de nombreuses failles du système : protection des mineurs, exclusion de jeu, conflits d'intérêts, lutte contre les offres illégales... Interviewé dans ce cadre, le GREA dénonce des lacunes tant au niveau de la loi que de son application. 


En Suisse comme ailleurs, le phénomène est massif : partout, les recettes des paris sportifs explosent. Rien qu'en Suisse romande, les recettes des paris sportifs de la Loterie Romande ont été multipliées par six en quelques années, passant de 7 millions de francs en 2017 à plus de 41 millions de francs en 2022. 

Cette explosion des revenus des paris sportifs est due à plusieurs facteurs, dont le changement de loi en 2019, qui octroie à la Loterie Romande et à Swisslos le monopole légal des paris sportifs en ligne sur le territoire suisse. Cette situation de monopole va de pair avec un certain nombre de responsabilités : il s'agit notamment de la protection des mineurs et de la détection puis de l'exclusion des joueuses et des joueurs qui présentent une addiction au jeu ou qui dépensent des sommes sans relation avec leurs capacités financières. D'un autre côté, l'autorité intercantonale de surveillance, la gespa, a pour mission de s'assurer que le cadre légal est bien respecté. 

Le reportage diffusé par "A bon entendeur", auquel le GREA a eu le plaisir de contribuer, met en lumière les lacunes d'application de la loi et une certaine opacité du système. Un test réalisé avec un jeune de 16 ans a montré que sur 10 essais, le jeune mineur a pu parier dans 6 kiosques, ce qui est interdit par la loi. Un autre témoin a pu se présenter dans un kiosque avec un pari à 50'000 francs sans que personne ne lui pose de questions. Une nouvelle modalité de pari appelée "e-bulletin" est particulièrement pointée du doigt : cette modalité permet de faire ses mises sur internet, sans identification ni contrôle de l'âge, puis de payer en kiosque au moyen d'un code QR. A noter que la Plateforme Jeu du GREA a plusieurs fois signalé tant à la Loterie Romande qu'à la gespa ses préoccupations concernant cette offre et la protection des mineurs, sans que rien ne bouge.

Concernant la lutte contre l'offre illégale, la gespa témoigne d'une certaine impuissance dans ce reportage. Pour rappel, une étude publiée par le GREA ce mois de février montre que sur internet, trois quarts des publicités pour les paris sportifs proviennent d'opérateurs étrangers, et donc illégaux.  Dans ce domaine aussi, on relève donc des lacunes tant au niveau de la loi elle-même que de sa mise en oeuvre. 

Le processus d'évaluation de la Loi sur les jeux d'argent (LJAr) ayant démarré, le GREA espère vivement que ces éléments seront pris en compte et que des solutions pourront être trouvées pour une protection efficace des joueuses et des joueurs.