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Cannabis et schizophrénie

30 Janvier 2017  
30.01.2017

Une étude à laquelle a été associé le CHUV soutient que l'usage de cannabis augmente le risque de schizophrénie. Or, encore une fois, le lien de causalité n'est pas démontré.

L'étude

L'étude, publiée dans la revue Molecular Psychiatry, a étudié la relation entre un facteur de risque - en l'occurrence le cannabis - et la survenue d'une maladie - la schizophrénie.  Elle conclut que l'usage de cannabis augmente le risque de schizophrénie. La technique d'analyse nommée randomisation mendélienne a utilisé des marqueurs génétiques qui ont l'avantage entre autres de ne pas être influencés par des facteurs extérieurs comme l'environnement social ou familial.

Les chercheurs se sont basés sur les données d'une publication de 2016 qui a mis en évidence dix marqueurs génétiques liés à la consommation de cannabis au sein d'une population de 32'000 individus. Les mêmes marqueurs ont ensuite été recherchés dans une base de données séparée analysant le risque de schizophrénie chez 34'000 patients et 45'000 personnes libres de la maladie. Il est apparu que la consommation de cannabis est associée à un risque de schizophrénie augmenté de 37%.

Zones d'ombres

Le GREA demande de garder avec cette étude toute la prudence et la distance nécessaires. Et cela pour plusieurs raisons qu'il tient ici à rappeler ou à souligner.

La corrélation entre exposition au cannabis et schizophrénie est encore une fois démontrée, cette fois-ci avec une méthode nouvelle, ce qui présente un intérêt. La conclusion qui en est tirée est cependant excessive. En effet, il est impossible de tirer de cette observation une preuve de "causalité". Quand deux effets sont observés simultanément, leur causalité n'est pas prouvée pour autant. C'est un biais courant dans la réflexion populaire, mais qui doit être évité dans la recherche.

L'étude souligne que "toute consommation de cannabis" favorise le risque de schizophrénie. La formulation est légère et pose la question de la quantité et de la fréquence. Ne sachant répondre à cette question fondamentale du "combien" et "combien de fois", la conclusion de l'étude perd de sa force. L'écart entre une seule bouffée de cannabis et une consommation régulière et quotidienne par exemple ne saurait avoir les mêmes conséquences.

Le GREA recommande d'associer les compétences reconnues des médecins addictologues sur ces questions pour éviter tout malentendu. Il faut surtout se garder des conclusions hatives qui véhiculent de faux message. Si la correlation entre cannabis et schizophrénie est une réalité, il est par contre faux aujourd'hui de prétendre que l'un provoque l'autre de manière causale.