Dépendances
Edito par Corine Kibora
En 1999, dans le numéro dedépendances intitulé «Les institutions résidentielles en crise: état de la question», Gérald Progin soulignait que «les pistes de solutions» devaient passer «par une sérieuse réflexion sur les valeurs, l’éthique et la qualité des prestations offertes par les institutions résidentielles.» Si des démarches qualités ont été entreprises par les institutions, cela n’a pas empêché la fermeture de 40 d'entre elles ces six dernières années. Le retrait de l’OFAS dans le financement du réseau résidentiel a pesé lourd dans ces restructurations, effectuées le plus souvent sur la base de restrictions budgétaires plutôt que sur des concepts de prise en charge. Par ailleurs, les institutions, par l’introduction de contrats de prestations, doivent faire face à des exigences de rentabilité, qui aboutissent à des pratiques mettant en jeu l’éthique professionnelle. Il n’est pas rare aujourd’hui que la durée du traitement soit raccourcie uniquement pour des raisons financières, ou que l’on refuse les cas les plus lourds pour maintenir l’efficacité des soins. L’avenir du secteur résidentiel reste incertain: ce numéro, dont les articles ont été rassemblés par Nicolas Dietrich de COSTE, esquisse des pistes pour que le transfert de compétences aux cantons ne mette pas en péril ce pilier de la politique des drogues, mais on perçoit que la mise en œuvre des solutions préconisées ne se fera pas sans difficultés. A ce jour, seuls six cantons ont terminé leur procédure d’adhésion à la Convention intercantonale relative aux institutions sociales. A cela s’ajoute l’évolution médicale de la prise en charge de la population toxicodépendante. L’intégration progressive des patients en traitement de substitution dans le parcours résidentiel a modifié les façons depenser le rétablissement, et, bien que le débat soit encore teinté d’idéologies, il est aujourd'hui admis que l’abstinence est un moyen parmi d’autres de tendre vers une meilleure autonomie. Il reste essentiel que les approches envisagées permettent de replacer la personne, ses besoins et ses ressources au centre du processus d’indication et du parcours thérapeutique. Cela implique la définition de groupes-cibles précis et d’objectifs thérapeutiques clairement établis. Cette perspective est un défi d’envergure à l’heure où les restrictions budgétaires guident beaucoup de choix. C’est pourtant à travers la mobilisation des différents savoirs professionnels qu’une prise en charge de qualité des per-sonnes dépendantes pourra être maintenue.
1. Nouvelles exigences et nouveaux défis
Ueli Simmel, Franziska Eckmann, Nicolas Dietrich, Centrale de coordination nationale de l'offre de thérapies résidentielles pour les problèmes de drogue COSTE
Traduction (part.): Dominique H. Jenni
2. Orientation en fonction des groupes-cibles
Thomas Egli, Office fédéral de la santé publique, section Drogues
Peter Burkhard, Directeur général de l'Association Die Alternative, Ottenbach
Traduction: Dominique H. Jenni
3. Procédure d'indication: une nouvelle réglementation inévitable?
Ambros Uchtenhagen, Zurich
Traduction: Dominique H. Jenni
4. Résidentiel et hôpitaux psychiatriques: quelle amélioration de l'indication en Valais?
Jean-Daniel Barman, Secrétaire général LVT
5. Optimalisation par la collaboration intercantonale
Eva Wiesendanger, adjointe scientifique, Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS)
Traduction: Dominique H. Jenni
6. Développement de la qualité: bilan intermédiaire
Franziska Eckmann, adjointe scientifique à COSTE
Susanne Schaaf, directrice de recherhce à l'Institut de recherche sur les addictions (ISF)
Traduction: Dominique H. Jenni
7. Méthadone et thérapies résidentielles: irrésistible combinaison?
Nicolas Dietrich, Adjoint scientifique à COSTE
Ambros Uchtenhagen Président du Comité, Institut de Recherche sur les Addictions à Zurich (ISF)
8. L'expérience de la cohabitation au Radeau
Emmanuelle Barboni, psychologue, adjointe à la direction de l'Association le Radeau, Orsonnens
9. Substitution et abstinence au CRMT à Genève
Pierre Mancino et Gérald Thévoz, Association ARGOS